La passion de Rabi’ pour la peinture remonte à ses années d’enfance. Il  s’exerça seul au dessin en reproduisant tout ce qui fascinait son regard  d’enfant. Son passage à l’école normale de Fès lui ouvre, par une voie  impromptue et inespérée, l’horizon d’une carrière d’artiste de grande  envergure. Il ne quitta plus jamais cette voie et s’achemina avec  rigueur et application vers l’horizon tracé. Lentement mais sûrement  Rabi’ aura construit une œuvre magistrale, une œuvre qui fait autorité  en alliant acte pictural et saisie “spirituelle”. C’est dire à quel  point la peinture est pour Rabi’ une projection sensible de tout ce que  l’intériorité de l’artiste condense comme devenirs intensifs. Aussi  Rabi’ récuse-t-il avec finesse et pertinence tout ce qui se rapporte au  formalisme. La figure géométrisée fige et immobilise les devenirs, les  intensités, les flux de l’être. Au fond, l’expérience esthétique de  Rabi’ abolit la séparation artificielle entre figuration et abstraction.  Ses œuvres post-impressionnistes ne se servent du sujet que comme  prétexte pour ramener l’acte pictural à sa fin ultime : une pure  possibilité visuelle. Quant aux œuvres proprement  abstraites de Rabi’,  elles constituent une forme de cérémonie silencieuse du visible intégral  où sujets, thèmes, motifs sont suspendus pour concentrer le regard sur  l’activité picturale qui n’est au bout du compte qu’une émanation de la  pure intériorité du peintre lui-même.