Abdellah Dibaji demeure un fin observateur de la réalité quotidienne.  Cette qualité lui vient peut-être de sa formation artistique belge. Ses  déambulations dans la vieille cité portugaise d’El Jadida, ses  promenades impromptues et incessantes dans l’arrière-pays Tamesna  révèlent son attachement inextricable aux lieux, aux atmosphères, aux  éléments, aux êtres. C’est la transposition sur la toile qui recrée le  monde par ce fameux processus de dénaturalisation et de dépouillement.  Les structures habituelles de la réalité (temps, espace, profondeur) se  résolvent en un réseau autonome de lignes et de couleurs, de formes et  de rythmes. Et à chaque fois, le motif figuratif s’estompe et finit par  se diluer dans une construction abstraite où le tumulte et la clameur de  la ville réelle sont suspendus, mis en retrait, au profit d’une  immersion imaginable où seul l’oeil de l’esprit voit et saisit.