La peinture de Berhiss est tissée de bout en bout par un nouage complexe  fait à la fois de poésie et de rigueur, de candeur et de lucidité.  Comme si la puissance imaginable de l’ancien paysan, simple cultivateur  de la terre, avait trouvé dans la sobriété et le savoir-faire du  plasticien un point de chute idéal, une sorte de terre promise. Au point  nodal de ses dernières oeuvres, surgit un visage, saisi de profil ou de  face, piégé dans les rets d’un agrégat de formes zoomorphes, de nature  tantôt reptilienne, tantôt volatile. Coincé entre terre et ciel, pris  ainsi en étau, il semble n’avoir plus de corps, sa substance ayant été  dissoute dans ce qui l’entoure. Berhiss étire les figures et les  interfère, les agglutine et les malaxe les unes aux autres comme pour  célébrer des noces archaïques entre l’humain et son lieu vital (terre,  mer, air) avant que la rupture entre humanité et animalité, culture et  nature n’ait été consommée. Berhiss l’autodidacte arrive, avec fraîcheur  et innocence, à nous sensibiliser au monde qui nous entoure et à nous  réconcilier peut-être avec lui. Sa peinture est un hymne à la vie nue,  la vie libérée de la gangue de l’académisme savant, la vie débarrassée  des oripeaux de la culture élitiste.